Atelier de prises de vue

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initiation à la caméra

vendredi 1 janvier 2010

L'ART AFRICAIN ET LE NUMERIQUE

L'ART AFRICAIN A TOUT SON AVENIR DANS LE NUMERIQUE
Un faux débat fait l’objet de spéculations dans le monde des arts plastiques au Sénégal, depuis quelques temps, voire quelques années. Ce faut débat fondé sur une fausse problématique, celle de « la place du numérique dans le Dak’art », s’est poursuivi jusqu’au séminaire d’évaluation de la Biennale de Dak’art 2004. Il est alors difficile à la limite impardonnable de garder le silence en tant qu’artiste plasticien ; vidéaste, conscient de l’avenir des arts plastiques face aux mutations engendrées par les technologies numériques. L’ envie me vient à l’instant de demander à ces pseudo-intellectuels(artistes critiques d’art, journalistes commissaires d’exposition, experts en arts plastiques ou spécialistes en je ne sais quoi encore, confondus)d’arrêter tout simplement de parler de choses qu’ils ne maîtrisent pas, de poser des questions qui ne sont nullement pertinentes et qui les dépassent parce qu’ils n’ont ni arguments valables , ni de vision claire pour déterminer une quelconque place du numérique dans la création artistique contemporaine africaine. Je trouve regrettable que les acteurs culturels africains en général et sénégalais en particuliers ne veulent pas changer leurs mentalités archaïques d’éternels complexés, et qu’ils se focalisent toujours sur des détails que l’on ne peut plus se permettre de poser, c'est-à-dire des questions que les autres (les occidentaux ont réglés depuis des décennies, voire des siècles, et qu’ils reviennent reposer chez nous en Afrique pour cloisonner notre réflexion, inhiber notre vision de l’avenir afin de mieux délimiter notre imaginaire.
Aujourd’hui, le concept d’art même contemporain ou pas est problématique en Afrique comme il l’est partout ailleurs. L’enjeu majeur dans la création artistique n’est l’apanage d’un quelconque médium. Autrement dit il ne s’agit plus, ni ne suffit plus de parler séparément d’arts plastiques (peinture, sculpture, design, etc.), de poésie, de théâtre, de cinéma de vidéo mais plutôt d’image au sens global du terme. Il est évident que ceux qui brandissent, à tors et à travers le terme « identité culturelle »ne sont pas capables de donner à ce concept une signification valable et légitime, c'est-à-dire un sens positif et constructeur des valeurs progressistes permettant à nos sociétés d’évoluer et d’avancer dans la voie d’une modernité africaine. A ceux là je dirais que l’identité à tout prix n’existe pas, n’est pas viable, comme le dit souvent l’artiste plasticien critique d’art sénégalais Sidy Seck, « l’identité n’est pas figé, l’identité est dynamique ». Par ailleurs il est temps que les africains (les artistes en premier) soient conscient du fait qu’ils ont largement le choix d’utiliser comme outil et support de création les technologies numériques comme ils veulent et d’y mettre les contenus qui leur conviennent pour produire leurs propres images ; des images qui parlent de l’Afrique, des ses réalités des ses rêves, mais aussi de ses différents rapports avec le reste du monde.
Pour revenir à cette « place suspect »du numérique dans le Dak’art, nous savons que les médiums artistiques traditionnels que sont la peinture, la sculpture et la photographie ont montré depuis longtemps leurs limites dans le traitement de l’espace et du temps, mais aussi par rapport à leur capacité à toucher le nouveau public que la société de l’informatique est en train de formater. Aujourd’hui, l’avenir est dans l’interactivité. Il faut que les artistes africains, dans la continuité de leurs travaux, s’investissent dans des systèmes multimédia et hypermédia , qu’ils se forment et apprennent de techniques, logiciels et méthodes permettant l’intégration dans les créations de données de divers origines(textes, images et sons) car l’ère de l’hypertexte à sonné.
L’art africain doit adopter sur toute sa chaine (création, monstration, promotion, commercialisation) des méthodes d’organisation de l’information, qui procèdent non plus de façon linéaire, mais par association d’idées, en structurant un réseau vivant de liens entre les données. De nos jours toute forme d’art qui occulterait le numérique, réduirait de façon considérable ses possibilités relatives à la créativité mais à la diffusion, éventuellement à la commercialisation des œuvres qu’elle engendre. Ce serait donc une grande erreur de penser que les artistes africains n’ont rien ou presque pas grand-chose à voir avec la numérique, que le numérique ne puisse pas traduire « l’expression profonde de notre identité culturelle », ou encore de catégoriser, d’étiqueter le numérique comme étant « le regard de l’autre qui nous chosifie ». c’est quand même étonnant, à la limite révoltant, de constater que tout ces gens confondent , en ce qui concerne un médium artistique donné, support et contenu ;qu’ils ne distinguent pas l’œuvre d’art du dispositif qui le conditionne en amont( de sa production) et en aval (de son exhibition). Le numérique qui est en passe de devenir une discipline a part entière, gagnera sa légitimité si les artistes africains transcendent sa nature de support de création, dépassent l’immense reproductibilité technique qu’offre son dispositif pour créer une véritable « esthétique du numérique » qui bouleversera à coup sur , tous les schéma de la pratique artistique en donnant naissance à de nouveaux artistes ,de nouveaux critiques d’art de nouveaux commissaires d’exposition, de nouveaux experts en art plastiques et surtout une nouvelle fonctionnalité des espaces de monstration .
Arfang Sarr-Crao
Cinéaste-pasticien-poète
Art_fang@yahoo.fr

Article paru dans le du Quotidien Walfadjri du 04 novembre 2004.

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